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Gaston fait des boissons à Marseille

Une voiture, un bar, des boissons…On The Road ! Chez Gaston, c’est tout d’abord une Renault 4L jaune toute pimpante, aux vrais airs de soleil du Sud de la France. Car c’est à Marseille que Thibaut, originaire de Belgique, a créé son concept de bar ambulant ! Un projet convivial à découvrir sur Pari(s) sur le Local.

Peux-tu te présenter ?  
Je m’appelle Thibaut, j’ai 29 ans depuis peu et je suis originaire de Belgique où j’ai grandi à Liège plus précisément.

Quel est ton parcours ?
Mon parcours commence sur les bancs de Sciences Po puis en Hollande pour continuer mes études (un peu dictées par mes parents). J’ai commencé à travailler dans le secteur marchand, à la délégation économique de la Belgique en Algérie, puis entant que Business Consultant dans une start-up à Bruxelles. J’ai été ensuite recruté dans un lobby non marchand. J’ai donc travaillé comme lobbyiste puis comme coordinateur pendant 5 ans. Après mes études, j’ai réalisé un master en photographie (ce que je voulais faire à la base comme études) en horaires décalées. Lorsque mon compagnon a obtenu un poste à Marseille, j’ai décidé de tout plaquer et me lancer dans le commerce ambulant !

 Que représente Marseille pour toi ?
Marseille, c’est la ville du soleil, de l’ambiance et de la douceur de vivre ! Mais avant tout, c’est la ville pour laquelle j’ai quittée mon pays et suivre la personne que j’aime et qui est venue s’installer ici pour une opportunité de carrière. Pour vivre ma relation et mon projet, j’ai du faire ce choix d’abandonner la Belgique, ma famille et mes ami-e-s et recommencer à zéro ici, dans cette ville. Assez impulsif de nature, je n’ai pas réfléchi très longtemps et je ne le regrette pas. C’est sur que mon entourage me manque, mais la vie à Marseille et ses habitant-e-s compensent ce manque et me laissent penser que j’ai fait le bon choix.

Comment est née l’idée de créer « Gaston fait des boissons » ?
Il s’agit d’un projet que j’ai dans mes tiroirs depuis un bout de temps. J’aime me balader et flâner en extérieur, mais j’aime surtout me poser dans un parc, sur une place et boire un bon café ou une autre boisson. Or, en Belgique comme ailleurs, j’ai souvent déploré le manque d’offre en boissons à l’emporté où je pouvais commander sans devoir m’installer sur une terrasse ou acheter ma bouteille au Monop’ du coin.

J’ai imaginé un concept de bar ambulant
Du coup, j’ai imaginé ce concept de bar ambulant, permettant d’animer certains espaces un peu vides et nécessitant une ambiance telle que celle que je propose aujourd’hui. Mon idée de base est de proposer des boissons de qualité dans une atmosphère sympa et détendue comme j’aime en trouver. N’ayant pas encore rencontré ce type d’activité, je l’ai mise en place et je pense honnêtement que c’est un plus !

Pourquoi ce nom ?
On me pose souvent la question : Vous vous appelez vraiment Gaston ? En réalité, il s’agit du prénom de mon parrain que j’adorais. Ce prénom m’a toujours évoqué de la sympathie et je trouve qu’il colle assez bien à mon concept. Alors je l’ai gardé. Je l’utilise d’ailleurs souvent comme pseudo pour d’autres activités que j’ai.

Avez qui as-tu créé ce concept ?
C’est un peu compliqué comme question car dire que j’ai créé ce concept tout seul serait mentir. Je n’aurais pas pu faire tout ce travail si on ne m’avait pas soutenu dans les moments de doutes, dans les difficultés qu’amènent la création d’une activité d’indépendant. J’ai été épaulé par mes ami-e-s et ma famille, qui m’ont motivé dans des moments difficiles. Je suis aussi beaucoup soutenu par mon compagnon, qui doit encaisser mes moments de doute et de stress quand il rentre le soir. Donc, même si, dans les faits, j’ai créé ce concept seul d’A à Z, j’aurais été incapable de le faire sans un entourage bienveillant.

Qu’est-ce qui t’ a inspiré dans la création du concept ?
J’ai toujours eu beaucoup d’admiration pour les gens qui montaient des projets originaux, et je voulais en faire partie. Lorsque j’étais en Belgique, j’avais un poste de coordination d’une grosse ONG et aimais imaginer et mener des actions qui allaient apporter une touche d’originalité et de fantaisie à notre quotidien. Pareil pour des projets plus personnels, comme la photographie, où j’ai monté des expos qui interpellaient le public (du moins je l’espère). Du coup, l’opportunité que m’a offert mon compagnon en nous installant à Marseille m’a permis de lancer mon propre projet, à 100% pour moi et plus pour les autres. Même si mon engagement social reste inhérent à ma personnalité et se ressent dans mon projet, j’ai voulu tenter l’expérience de vivre de ma propre activité.

Pourquoi une 4L ? A-t-elle une histoire particulière ?
Honnêtement, j’ai toujours adoré les vieilles bagnoles, et je dois dire que la 4L est une voiture mythique pour moi. On la retrouve dans tous les vieux films français avec le 2CV et d’autres. Et entant que belge francophone, j’en ai bouffé des films français !! Même mes parents avaient une 4L. Mais l’idée d’utiliser une 4L pour mon activité ne vient pas de là. J’aurais pu choisir un autre véhicule, m’offrant plus de confort, et surtout beaucoup plus de place !

Mon activité je la voulais hors du véhicule, avec les gens
Je ne voulais pas être coincé dans un Food truck sans pouvoir interagir avec le public, leur parler, … C’est toujours l’image que j’ai d’un Food truck, avec une personne à bord de leur camion, et les gens qui commandent juste devant. Moi je voulais être à l’extérieur avec mes clients et qu’il n’y ait pas de barrière entre nous. Je veux pouvoir discuter avec eux, les connaitre, écouter leurs histoires.

« C’est pour ça que j’ai créé ce projet, recréer du lien social et échanger avec les gens, c’est ça qui me botte. »

Comment l’as-tu transformée ?
Ça a été la galère ! Car des personnes qui transforment des 4L en bar, ce n’est pas courant. Du coup, j’ai cherché… Et je suis tombé sur un bureau de design dans ma région, super motivé par des concepts originaux. Du coup, on s’est mis à table, comme pour toutes les grandes décisions, et on a essayé de faire rentrer tout ce dont j’avais besoin dans la 4L et on ne s’en est pas trop mal tiré au final. Mais c’est certain que seul, je ne serais pas arrivé au résultat tel qu’il est aujourd’hui. Je voulais vraiment quelque chose au look soigné, avec une belle esthétique. J’aime soigner les détails et je pense que c’est ce qui fait la différence. Je suis bricoleur, mais pas assez pour arriver à ce résultat.

Quels types de produits proposes-tu ?
Tout dépend de l’évènement sur lequel je me trouve. Si je suis sur l’espace public et que j’ai carte blanche, je propose des boissons dérivées du thé et du café. Je me suis d’ailleurs équipé d’une machine à café professionnelle qui me permet de proposer un café d’une très bonne qualité. Je réalise également des boissons fraiches, selon des recettes que je teste au préalable. Thé glacé, citronnade, tchai latte, matcha latte,… tout est possible en fait !

Mon offre évolue beaucoup en fonction des gens que je rencontre
Et aussi des conseils de mes fournisseurs. Je me fournit dans des petites boutiques, où les commerçant-e-s prennent le temps de vous raconter l’histoire de leurs produits. C’est ce que j’aime dans ce métier et que j’essaye de transmettre par la suite à mes clients. J’essaye au plus possible de me fournir au niveau local et en bio. Ça permet à mes clients de découvrir des produits (et des commerces) de leur région qu’ils ne connaissent pas forcément. Et leur apporter ça, entant que belge, c’est le pied total.

Je mets un point d’honneur à réaliser toutes mes boissons moi-même
C’est quelque chose que je fais dans la vie de tous les jours et que j’aime transmettre à travers mon activité. J’en ai un peu marre qu’on nous serve des boissons bourrées de colorants, conservateurs, aromes artificielles, et qu’on appelle ça thé glacé. Du coup je les fais-moi même, j’ai le contrôle de ce que je vends, et c’est nettement plus gratifiant.

Je me déplace aussi sur des évènements privés
Comme des vernissages, des anniversaires ou garden parties. Ma carte s’adapte alors à la demande. Je suis très ouvert à toutes les propositions, ce qui est un peu déroutant parfois pour mon public. Bien souvent, les gens attendent une offre prédéfinie et rigide, ce que je ne veux pas. Je préfère discuter avec la personne qui m’invite et inventer une carte sur mesure pour l’évènement. C’est peut-être utopique, mais je veux fonctionner comme ça

Quelle clientèle cibles-tu ?
Pour le moment, tout qui veut bien de moi… Je suis nouveau sur le marché et mon activité n’est pas vraiment dans les mœurs. Il faut rester humble lorsqu’on débarque ! Du coup, je suis un peu dans une phase où les gens découvrent une autre offre que celles qu’ils connaissent et où j’essaye de me faire connaitre.

Mon idée de base est de permettre ce type d’activité sur l’espace public
Où je pourrais animer certains parcs ou esplanades de la ville. Mais pour le moment, je me rends compte que je suis beaucoup plus contacté par des associations, galeries ou pour des évènements tout publics, mais dont l’organisation est privée ce qui n’est pas pour me déplaire. Je teste un peu de tout. Je sais que je pourrais très bien gagner ma vie en me dirigeant vers les évènements privés du type mariages ou autres. Mais je ne veux pas limiter mon activité à des personnes qui peuvent se payer l’exclusivité. Je suis donc en pourparlers avec la Ville de Marseille pour m’installer sur l’espace public et permettre à tout un chacun de profiter de l’ambiance et des produits que je propose. Affaire à suivre donc…

Où te déplaces-tu ?
D’une manière générale, on peut me suivre sur les réseaux sociaux, surtout instagram. J’aime bien créer le suspens et ne pas dévoiler mon emplacement directement. Du coup, je donne des indications en photos et les gens qui me suivent me retrouvent. Sur ma dernière sortie, certain-e-s de mes client-e-s m’ont dit « je cherchais la voiture jaune! ». J’aime bien ce coté ludique. Mais au-delà de l’originalité du concept, je me rends compte également que le public (re)vient me voir pour mes produits. Je fais mes boissons, mes en-cas,… comme si je les faisais pour moi-meme. Quand je commande un café, je veux un bon café corsé, onctueux, plein de saveurs,… Les gens commencent à me connaitre et savent que je m’adapte à leur demande. Ce qui n’est pas toujours le cas dans un bar avec un gros débit. Moi je privilégie vraiment le contact.

Travailles-tu avec des producteurs locaux ?  
Exclusivement. Je ne suis pas de la région, mais je pense que lorsqu’on s’établit à un endroit, on doit travailler en bonne intelligence avec des commercant-e-s locaux. C’est évidemment plus compliqué avec le café et le thé, mais j’ai trouvé de très bon torréfacteur-trice-s à Marseille ! Et j’aime les faire découvrir à mes clients. On nous vend au quotidien des produits venus de partout dans le monde alors qu’il y a tant de bonnes choses ici.

Quels sont les commentaires lorsque les gens voient ta 4L ?  
« J’ai eu la même ! » C’est le commentaire que j’entends le plus souvent. La 4L est un peu une madeleine de Proust en France. Et ça me plait de remémorer ces souvenirs aux gens. Après, beaucoup de personnes sont interpellés par la transformation que j’en ai fait et se réjouissent du coté décalé. C’est très gratifiant cet enthousiasme. Lors de ma dernière sortie, j’ai entendu « T’as vu la 4L?! – Ouais c’est une fausse. » Ça m’a fait rire car j’entends que le public réagi à mon concept, en bien ou en « mal ».

L’esprit Gaston ?
Un bar. Une ambiance. Une 4L.

Ton actualité ?
Mon actu c’est plusieurs évènements en perspectives : continuer sur les dimanches de la Canebière, une première sortie à la Friche de la Belle de Mai, des perspectives sur des évènements privés mais également sur l’espace public ! Enfin, un voyage en janvier en Ethiopie pour découvrir de nouvelles saveurs, des nouveaux cafés, qui pourront enrichir mon offre et mes histoires.

Des projets ? 
J’ai toujours des projets dans mes tiroirs. Mais je préfère les réaliser les uns après les autres et me focaliser sur celui-ci pour le moment. Car il demande énormément d’énergie : Une nouvelle ville, un nouveau travail, une nouvelle vie. Ça fait déjà pas mal pour le moment. On verra bien ce que l’avenir me réserve avec la 4L !

En savoir plus
Facebook – Chez Gaston
Tel – 07 82 00 73 70
Site – www.gastonfaitdesboissons.com
Instagram – Chez Gaston